Novembre, c’est le mois où tu t’es installée dans mon ventre. Voilà 3, 4 mois que nous t’attendions. Tu as choisi de débarquer le mois où ton papa partait 2 semaines au Mexique pour son travail. Nous étions donc certain, tous les deux, que ça ne serait pas pour ce mois-ci. C’est même le seul mois où je n’ai pas trop pensé à toi. La vie s’est imposée et tu as créé ton nid !
Novembre 2012 : Nous adoptons Mao, le chat. Il a trois mois, il est doux et gentil. Il me tient compagnie car papa n’est pas souvent là. Il bosse pour deux, pour trois maintenant… On fait un câlin, 2 heures avant son départ pour le Mexique. C’était beau, c’était doux et on a une crise de fou rire à la fin ! Il s’en va pour 16 jours. Je mange des pots de glace Ben & Jerry’s. Je laisse surtout fondre la glace et ne mange que les morceaux de cookies. Je regarde en boucle Kaamelott. J’ai du mal à m’arrêter de fumer. Je fume même plutôt beaucoup. Je sors avec des copines et je danse jusqu’au matin. J’ai mal aux seins. Toi, tu t’installes tranquillement.
Décembre 2012 : Tiens, ça fait une semaine que j’aurais dû avoir mes règles. Ces derniers mois, j’avais des milliers de symptômes, je faisais même des tests de grossesse à 5 DPO (Days Post Ovulation, c’est-à-dire 5 jours après avoir ovulé, c’est-à-dire le truc inutile). Ce mois-ci : rien, que dalle, nada. Bon si, j’ai un peu mal aux seins mais pas de quoi se « taper le cul par terre ». Un samedi matin de décembre (le 8), je me décide. Je me lève, ne fait pas pipi, m’habille et fonce à la pharmacie la plus proche : fermée. J’inspire, j’expire, je serre les cuisses. La 2ème pharmacie sur mon chemin : fermée. OK, j’ai un peu envie de pleurer mais j’avance. La 3ème pharmacie : fermée. Je pourrais facilement tuer quelqu’un, là tout de suite. Enfin, je rentre dans la 4ème pharmacie.
« Un test de grossesse s’il-te-plait (oui, on se tutoie en Espagne) !
-Tu sais comment ça marche ?
-Je peux le faire devant toi pour te prouver que je sais. Donne-moi ce test. »
Impossible d’attendre. Je rentre dans le premier café et fonce aux toilettes. Hop pipi sur le plastique. Je me lave les mains et regarde le test : j’ai pissé à l’envers. Non, j’ai pas pissé la tête en bas, juste du mauvais côté. Il n’y a rien qui apparait dans la fenêtre de contrôle, ça n’a pas marché. Je me souviens m’être regardée dans le miroir, avoir hésité entre rire et pleurer et m’être convaincue que si j’étais réellement enceinte, ça serait une chouette anecdote à raconter. Je retourner à la pharmacie :
« Heu… Re-bonjour. Je voudrais un test de grossesse. Faites qu’elle ne me reconnaisse pas/ Faites qu’elle ne me reconnaisse pas/ Faites qu’elle ne me reconnaisse pas
-Bien sûr. Tu veux que je t’explique cette fois ?
-Mmmh. Ok. »
Je rentre à la maison. Papa me demande pour le test. Sans commentaire. C’est négatif ? Non, mais je ne sais pas non plus si c’est positif. Tu ne l’as pas fait ? Sans commentaire. Je décide de faire une sieste. Quand je me réveille, j’ai envie de faire pipi. Presque instantanément, deux lignes bien visibles apparaissent. Je me suis levée d’un coup, j’ai remonté mon pantalon (et je crois même que je n’ai pas pris le temps de m’essuyer.)
J’avais pensé à mille façons, plus originales et romantiques les unes que les autres de l’annoncer à ton papa. Mais en fait, j’ai juste couru vers lui, le test à la main et je lui ai secoué devant les yeux. Tu es là, au chaud, toute petite. Je l’annonce de suite à papi. On ne dit rien aux autres pour le moment. Je jette mon paquet de clope. Le lendemain, je refais un test (celui qui n'avait pas marché), et c'est aussi positif. Évidemment. Un soir, on nous coupe l’électricité, par erreur. 200€ de courses bonnes à jeter. J’allume des bougies, Mao se brule les moustaches. Je suis assise au milieu du salon, en larmes, le chat contre moi et au téléphone avec Mamie.
« Mais pleure pas ! Ce n’est pas grave, ça repousse les moustaches.
- Oui je saiiiiiiiis.
- Alors calme-toi !
- Je suis enceiiiiinte maman !
- Mais c’est formidable !
- Je saiiiiiis pas ! »
1er RDV chez le gynéco : on entend ton cœur battre un 20 décembre et c’est fou. J’ai deux cœurs à l’intérieur de moi. Tu es si petite et, pardon hein !, mais tu ne ressembles à rien de très humain.
Nous partons en France pour Noel chez papi et mamie. 12 heures de voiture (toute petite voiture) avec papa, mamie d’Espagne, ton cousin, Mao et une dizaine de valise. Je suis la seule à avoir le permis. Je suis fatiguée, nauséeuse, énervée et excitée en même temps! Je me pose déjà un millier de questions. Le foie gras, le saumon fumé, les huitres, je n’y ai pas droit. Je me jure de bien me rattraper l’année prochaine. On fête le nouvel an en amoureux. Je vomis à côté du stand de notre poissonnier le 31 décembre dans l’après-midi. Tu es bien installée, plus de doute.
Janvier 2013 : Je donne des cours de français et je suis épuisée. Mais j’ai du mal à dormir. La panique m’a envahi, et elle squattera jusqu’à la fin, la connasse. J’ai déjà du bide, même si je ne bouffe pas. J’ai peur de tout, peur de mal faire. Je ne sais pas être enceinte, je ne contrôle rien du tout et ça m’énerve. Tout m’énerve de toute façon. 2ème RDV chez le gynéco. Je n’aime pas les gynécos. J’en change 3 fois. En Espagne, ce n’est pas comme en France, niveau suivi. Et puis j’ai moins confiance. Tu vas bien, c’est l’essentiel. Mais on est qu’au début et je me dis que vu comme c’est parti, ça va être long. Je n’aime pas beaucoup ces émotions, ces doutes qui m’envahissent, je n’aime pas beaucoup qui je deviens, je ne me reconnais pas. Je lis une étude qui montre que « les personnes qui expriment régulièrement leur colère vivent plus longtemps". Je dois être immortelle.
Février 2013 : Je suis enceinte, et comme pour les yaourts, c’est actif à l’intérieur et ça se voit à l’extérieur. On me laisse déjà la place dans le métro. Je refuse systématiquement. J’ai toujours autant la gerbe et j’ai les nerfs à fleur de peau. J’ai l’impression d’avoir quitté mon corps et de me regarder agir comme une conne, à longueur de journée. Je regarde ce ventre, qui a l’air d’appartenir à quelqu’un d’autre. Papa te parle tous les jours. Je trouve mignon et con à la fois. Il est gentil ton papa. Mais mon dieu, qu’est-ce qu’il me saoule. Il n’a pas changé, et c’est sans doute ça mon problème. Parce que sous ma peau, c’est un bouleversement. Dans ma tête, c’est une tempête. Je voudrais qu’il réalise et vite. Je voudrais le voir s’agiter comme je m’agite. Mais non, il est juste zen. Très zen. Trop zen.
Mars 2013 : J’ai moins de nausées. J’ai des envies de tomates et de Kinder Bueno. Je prends du poids rien qu’en les regardant, les Kinder Bueno, alors autant les bouffer. En plus, ce n’est pas que de la graisse. Non. Je fais de la rétention d’eau. Et il parait que l’avantage, avec la rétention d’eau, c’est qu’on perd tout à l’accouchement. (Non.) Je te sens bouger pour la 1ere fois. Deux gros coups, bien nets, sur la droite. C’est magnifiquement flippant, merveilleusement bizarre. Je comprends pas ce qu’il se passe, je pense trop, j’imagine trop, j’intellectualise trop. Ce qui devrait être si naturel est complètement absurde pour moi. Qui es-tu bébé ? Comment fais-tu, tout seul, sous l’eau, pour grandir, pour vivre ? Je suis de plus en plus grosse, et je n’aime pas mon reflet dans le miroir. Je n’ai pas l’impression de me voir, moi. Je pleure toujours autant, malgré les promesses de mieux du 2nd trimestre. Je me noie dans ma culpabilité. Je devrais aimer être enceinte, puisque je l’ai voulu si fort. Je ne suis pas normale. Tellement de femmes rêveraient d'être à ma place. J'ai honte. J'ai honte et autour de moi, c’est le vide intersidéral. Je suis seule face ce bide qui prend toute la place dans le lit et toute la place dans ma vie. Seule face à des femmes pour qui la grossesse est un moment merveilleux et qui m’étalent en pleine gueule leur épanouissement le plus total. Seule face ces vieilles dans la rue qui me touchent le ventre, sans permission. Je n’aime pas qu’on me touche le ventre, je déteste même. J’ai l’impression qu’on te vole à moi. Je crois que je suis juste jalouse de ce sourire que les gens affichent en regardant mon bide. Jalouse de ce bonheur que la vie intra-utérine représente. Moi, ça fait 4 mois que je ne souris plus vraiment, trop effrayé de ce chaos que ta présence représente.
Avril 2013: C’est le RDV pour l’écho morphologique. Je m’installe sur le lit. Papa est à côté, la pièce est sombre. Elle me fout son liquide froid et gluant sur le ventre et là on te voit. Un bébé quoi, pour de vrai. Elles sont deux à te regarder, à te mesurer, à te contrôler. Soudain, on ne voit plus que ton cœur à l’écran. Ce cœur énorme, qui bat très vite. Et le temps s’arrête. Elle fait une tête bizarre. Elle se rapproche de l’écran, fronce les sourcils, souffle. Je m’agite. Elle m’envoie chier. Je me retiens littéralement de lui vomir dessus de peur et de lui faire ensuite lécher ledit vomit. (C’est violent, mais ça te met dans l’ambiance.) Elle nous dit d’attendre et ne nous dis plus rien. Elle appelle une collègue. Je ne peux pas affronter le regard de ton père mais sa main serre la mienne. La collègue arrive. L’autre lui explique très vite qu’elle pense qu’il y a un problème avec l’artère. On te regarde encore le cœur sous tous les angles. Moi je les regarde, elles. Enfin, je comprends que tout va bien. On nous informe de la situation. Je n’écoute pas, je sais que tu vas bien. Je suis complètement à l’ouest, dans les vapes, choquée. J’entends juste cette phrase : c’est une fille. Une fille. Ma fille. Toute cette journée, je me suis répétée en boucle « ma fille, ma fille ». Je reçois une claque monumentale. Ce bonheur me tord les tripes. Je ne me sens plus femme mais louve.
Mai 2013 : L’appart ne nous convient plus, trop cher, trop peu d’espace, mal agencé. Le baromètre de mon stress m’explose en pleine gueule. Je n’arrive plus à gérer, mon ventre m’étouffe. Tu es trop là, moi pas assez. C’est toi qui contrôle mon corps tout entier. Je tente chaque jour de reprendre le dessus. Je ne veux pas me laisser faire, je n’arrive pas à accepter de me voir mise de côté. Et putain, qu’est-ce que je suis grosse. Je suis épuisée de ce corps que je n’aime pas du tout. Papa ne me souhaite pas la fête des mères et c’est le drame. Avec papa c’est très tendu. Avec tout le monde, c’est très tendu. Je me revois me dire « vivement qu’il rentre, il faut que je l’engueule ». De quoi ? De rien. Ou de tout plutôt. Parce que pour lui, tout baigne. Parce que rien ne change dans sa vie à lui. Parce qu’il ronfle tellement fort que j’ai l’impression d’avoir une équipe de rugby dans mon lit. Les cours de préparation à l’accouchement commencent. Parler dilatation à 8h du mat’, très peu pour moi. On se marre comme deux ados et on n’écoute rien. On y sera allé que 2 fois.
Fin mai, on passe 4 heures à Ikéa pour t’acheter les meubles. Je veux tout monter tout de suite, mais nos cons de proprios doivent encore vider leurs merdes de ta chambre. J’aimerais les appeler toutes les 10 minutes mais le peu de bon sens qui me reste m’en empêche. Je sens que ça ne va pas durer. Le monstre va s’échapper.
Juin 2013 : Ca y est, je ne vois plus mes pieds. C’est pas le plus emmerdant. Y a autre chose que je ne vois plus, et depuis plus longtemps... Une nuit, je te sens bouger, plus que d’habitude. Ca y est, tu as la tête en bas. Je sais qu’il reste un mois et demi, mais je te dis que si tu veux venir maintenant tu peux. Et j’ai pas honte. Et j’emmerde les connasses d’un forum qui me diront : *voix de pétasse* « un bébé, c’est 9 mois ! ».
J’en suis à 15 bouquins et 132 vidéos, je révise mieux le sujet que mes partiels à l’époque. « A l’époque ». Une expression de vieille. Oui parce qu’en plus de la dépression prépartum, je me sens vieille. Et moche. Et grosse. Je mange n’importe quoi, n’importe quand. Je compense pas, j’ai la dalle. Une dalle incroyable. Bon, ok. Je compense peut-être un peu aussi. Je prends des coups de pression, comme ça pour rien, assez régulièrement. Je fais des listes. Et des listes de listes. Mamie et ma meilleure amie débarque pour un week end. Papa se barre pour le travail et il est aussi invité à un mariage. Une pierre, deux coups. Je n’aime pas l’idée, du tout. Je suis exécrable. Grosse dispute avec mamie. Je m’étouffe dans mes larmes. Si elle, mon pilier, ne comprend pas non plus à quel point je suis au bord du gouffre, c’est foutu pour moi. Elle comprend, en fait. Le lendemain, on va se promener. Quand on revient à la maison, la porte d’entrée n’est pas fermée à clé. La fenêtre du salon est ouverte, ça sent un peu la clope. Mon salon tout entier est jaune. Jaune comme le papier cadeau dans lequel est emballé le million de cadeau. De derrière mon bar, surgissent toutes (ou presque toutes) mes copines. A ce moment, j’ai presque accouché de surprise. Il y a un gâteau, mais il est fait de couches. Il y a du vin mais je ne peux pas en boire. Il y a de la bouffe que je n’ai pas le temps de manger tellement j’ai de cadeau à ouvrir. On appelle ça une Baby Shower, et je ne remercierais jamais assez Laura qui a tout organisé ainsi que tous ceux qui ont participé. Et puis aussi et surtout, MERCI à mes parents, du fond du cœur. Je leur dois beaucoup, je leur dois tout. Je ne manque plus de rien. TU ne manques plus de rien. Il y a plus de matos dans ta chambre que dans la réserve de Prénatal. Ou d’Autour de Bébé.
Juillet 2013 : Comment on dort avec plus de 120 cm de tour de ventre ? Comment on VIT avec plus de 120 cm de tour de ventre ? Ma chance : aucunes vergetures. J’ai sommeil, mais je deviens insomniaque du matin. Je suis debout à 5h du mat, tous les jours. Je prépare la valise pour le séjour à la mater. Papa doit partir 10 jours pour son travail, encore. C’est tellement dur d’être sans lui. On m’a dit que tu pouvais venir à tout moment, car tu es très basse. J’ai donc ordre de me reposer. Quand il rentre, je mets en place le système d’évacuation. Je veux que ça s’arrête. Je veux te rencontrer, je veux récupérer mon corps, il m’appartient bordel. Homéopathie, acupuncture, marche, danse, natation, piment, sexe, ananas, massage des tétons, ménage à quatre pattes, ballon de naissance, huile de ricin, thé au feuilles de framboisiers, pensée positive, visualisation. Je suis au paroxysme de l’aigreur et de la mauvaise humeur. Mon surnom c’est le ratel (« animal carnivore à caractère teigneux qui ne cesse de grogner »). Je déteste tout le monde, j’en veux à la terre entière. Allez tous vous faire foutre. J’ai chaud, je vis au ralenti alors que ma tête je suis en accélérée. En course contre un escargot, il me mettrait facile 10 km dans la tronche. Tout est gros sauf mes seins. J’ai mal aux jambes, j’ai de nouveau envie de vomir, j’ai des remontées acides, j’ai envie de mourir. Je suis le cliché vivant de la femme enceinte, en plus grosse, plus chiante et plus flippée. Je fête mes 27 ans dans un palace avec papa, une journée entière dans un SPA et une nuit tendre (oui « tendre » pas hot ou sexe, tu crois vraiment que je suis en état ?) dans un grand lit.
Août 2013: Les 16 jours les plus longs de toute ma vie. Mais putain de bordel de couille pas fraiche, pourquoi tu ne veux pas sortir de ce veeeentre ? Je danse comme une folle sur Tutti Frutti de Little Richard. Tes grands parents arrivent, pas toi. Tes arrières grands parents arrivent. Toujours pas toi. Papa me dit que je me mets trop la pression. Crise de larmes : « voilà, tu vois ?! Je suis une mauvaise mère, c’est ma faute. Tout est MA faute. Je suis nulle, je ne vais jamais y arriver, laissez-moi crever. » RDV chez l’autre con de gynéco. Je supplie qu’il me fasse un déclenchement : « mets moi sous perf d’ocytocine, sinon j’te fais bouffer tes dossiers ». Il refuse : « on ne donne pas naissance à la carte, il faut respecter la nature, blablabla ». Il aura quand même passé 42 semaines, sans voir ni ma culotte, ni SOUS ma culotte. Alors niveau crédibilité, on repassera. Je suis à J+1, je n’ai plus de force et les 1eres vergetures apparaissent. Si tu étais arrivée dans les temps, je n’aurais pas eu de séquelle. Re-culpabilité, encore une fois je ne pense qu’à ma gueule. Je suis sûre que je ne vais pas réussir à accoucher. Toi, tu vas bien, je suis sure que tu es énorme et que tu vas tout déchirer sur ton passage. En vrai, je commence sérieusement à t’en vouloir de me faire subir tout ça. Je trouve que j’en ai suffisamment chié comme ça et que ça serait quand même sympa que tu te bouges un peu les miches. Commence ensuite un harcèlement. Tous les jours, des messages sur Facebook, par textos, des appels et toujours la même question : « alors tu as accouché ? » Question con sérieux : « ah ben oui, oui j’ai accouché, mais j’ai décidé de pas te le dire, rien que pour t’emmerder. » Un matin, je pète littéralement un plomb. Je dis à papa : « Ok, on va aux urgences, on dit que je me suis gourée sur la date de mes dernières règles, que je suis donc trop avancée dans la grossesse et qu’il faut provoquer l’accouchement». Il me regarde dépité, et…on file à la maternité. Je mens comme un arracheur de dents au médecin de garde, qui n’en croit pas un mot mais qui, dans le doute, est obligé de me filer un RDV pour un déclenchement. On est le 15 aout. On a RDV le 17. Le 16 a 20h, je ne veux pas quitter ma mère, je sais pas pourquoi, mais je veux rester encore un peu dans ses bras. Je perds les eaux à 2h du mat. Je suis à J+7 (pour de vrai) et je me dis que tu es une sacrée coquine. ((Récit accouchement ici !)
9 mois (et demi) de… merde ! Ben oui, soyons honnête ! J’ai douté, j’ai pleuré, j’ai crié, j’ai même hurlé. J’ai chanté, j’ai supplié, j’ai lu Le petit Prince une bonne centaine de fois. J’ai caressé ce ventre presque malgré moi, j’ai espéré que mon nombril rien bien à sa place. Je t’ai aimé sans te connaître, je t’ai reconnu de t’avoir tant imaginé, je t’ai à jamais sur ma peau (putain de vergetures.)
Novembre 2013 : J’écris cet article pendant que tu dors contre moi dans l’écharpe. « Ma fille », ma vie, mon tout. Je te renifle, je suis toujours louve mais beaucoup plus femme aussi. Je me suis trouvée grâce à toi et je repense, émue à ce mois novembre il y a un an. Tu as changé ma vie, tu as bouleversé mon quotidien, tu m'as fais jeter tous mes bouquins, tu m'as fais t'aimer en un regard, tu m'as rendu sure de moi, tu as fais de moi une maman.
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