Thứ Bảy, 25 tháng 1, 2014

Choisir. Décider. Être libre.



Il est 17h passé et je suis toujours en pyjama. Je ne suis pas encore lavée. J’espère pouvoir prendre une douche ce soir. J’ai mangé sur le pouce. Un bon steak, froid. De toute façon je n’ai pas tellement d’appétit car je n’ai dormi que 3h. J’ai essayé de me démêler les cheveux, parce que le vomi de ce matin m’a fait des dreadlocks. 

Non, je n’ai pas la gueule de bois. J’ai un bébé. Une petite fille de 5 mois. Et je suis maman au foyer.

C’est-à-dire que pour certains, j’ai des journées tranquilles, douces et beaucoup de temps pour moi. Je suis maman au foyer par choix. J’ai voulu un bébé ET j’ai voulu m’en occuper. J’ai voulu et j’ai pu. Alors je ne vais certainement pas passer à côté de cette aubaine d’élever l’enfant que j’ai désiré, porté et mis au monde. Ni pour avoir le temps de souffler, ni parce que je veux retrouver une vie sociale. Il s’avère que ce n’est juste pas MA conception de la maternité. Qu’on soit bien d’accord, je ne touche aucunes aides. Pas le bout de la queue de la moindre petite aide sociale. Je m’occupe donc de ma fille gracieusement et avec le sourire. J’ai envie (et besoin) de la voir grandir et j’aime ces journées avec elle. 

Si demain je dois reprendre le boulot, j’irais contrainte et forcée. Mais j’irais.  

Une chose me chiffonne. Pour ne pas dire carrément qu’elle m’emmerde. Cette histoire de boulot. Parce que oui,  être maman, c’est un boulot. Un CDI à temps plein. De jour et de nuit. C’est pas de gérer les journées qui  est difficile. Ni de gérer les nuits. C’est de gérer les jours ET les nuits.  Parce que les cernes que tu vois sur ma tronche, c’est toujours pas parce que j’ai fait la fête hier!


C’est juste parce que depuis 5 mois et 7 jours, je me réveille 5, 10, 15 fois pour :

  • la nourrir
  • essuyer le vomi dans mon cou
  • la rendormir
  • chercher la sucette partout dans le lit
  • la recouvrir parce que je la trouve fraiche
  • la découvrir parce que je la trouve chaude
  • essayer de la pousser un peu pour que je puisse, éventuellement, me mettre sur le dos
  • me remettre direct sur le côté, car elle estime que 10 cm entre elle et moi, c’est beaucoup trop
  • la nourrir
  • essuyer le vomi dans mes cheveux
  • la rendormir
Etc...

C’est le plus beau métier du monde et c’est aussi le seul métier où il n’y a pas de jours fériés, pas de soirée de libre, pas de weekend. C'est du 7j/7, du 24h/24. Le seul métier où le temps n’existe pas. Que tu le veuilles ou non, il faut sourire, être de bonne humeur. Tu ne risqueras pas juste de te faire un peu jeter par ton boss ou tes collèges parce que tu tires la tronche une journée. Tu rendras malheureux ton enfant, qui vit à travers toi et pour toi. Il faut l’aimer, tous les jours. Même quand elle s’endort à 20h (enfin !) et se réveille toutes les 50 minutes pour téter ou juste pour te sentir près d’elle et ce jusqu’à 5h du mat où, là, elle aura juste envie de jouer. Il faut l’aimer même quand elle te met de grands coups de pieds dans les seins pendant que tu la changes. Même quand elle refuse que tu partes ne serait-ce qu’une seconde de son champs de vision. Il faut l'aimer et rassurer le papa qui ne comprend pas qu'elle ne veuille que toi. Le rassurer quand elle hurle dans ses bras et tend tout son corps vers toi, désespérément en se demandant si tu vas bien finir par la prendre et la coller contre ton cœur.

C’est le plus beau métier du monde et il y a des matins, comme ce matin, où je rêve juste de laisser ma fille à la crèche et partir bosser. Profiter ne serait-ce que du métro, de ces quelques minutes sans personne, sans bébé qui me scrute, sans la pression qu’elle se mette à pleurer d’un coup m’obligeant du coup à tout stopper, sans musique débile qui tourne en boucle dans la chaine Hi-Fi. Je rêve d’un court instant où personne n’a besoin de moi, un besoin vital de moi. D’une journée un peu moins intense. D’une journée où je n’aurais pas besoin de chanter une cinquantaine de fois l’histoire de ce connard de petit escargot qui porte sur son dos sa maisonnette. Mais à la seconde où elle me sourit à pleines gencives, je me souviens que ma place est à ses côtés. 


Non, être maman n’est pas simple. Être maman au foyer ne l’est pas non plus. Et non, chez moi c’est loin d’être super clean. Des fois, j’ai même pas le temps de faire la bouffe ou un peu de ménage. Parce que, parfois, quand elle dort, j’ai envie de prendre un peu de temps pour moi, pour moi seule. Égoïstement. 

10 minutes, 15 minutes. Mes 15 minutes de métro. 

« Qu’est-ce que je fais de mes journées ? » Ben j’enfile des perles voyons ! Connard. Connasse. 



Il est vrai aussi que j’ai fait des choix éducatifs. J’ai choisi de respecter ses besoins, TOUS ses besoins. Il serait peut-être plus simple de la laisser pleurer pour lui apprendre à dormir. Ou d’ignorer ses cris et ses bras tendus vers moi, sous prétexte d’éviter à tout prix d’en faire une capricieuse qui ne pourra pas se passer de moi. Plus simple mais pas pour elle. 

Elle, elle n’a rien demandé. Elle ne s’est pas installée par hasard dans mon ventre. Nous avons tout fait pour. Nous avons DÉCIDÉ d’avoir un enfant. Nous pouvions et nous voulions.

Donner la vie ne devrait pas être un accident ou une obligation. Donner la vie devrait rester un choix, le plus beau et le plus doux choix. Ou une belle surprise, qui se transforme en envie. Et l'envie, en évidence.

La vie est faite de surprises mais parfois mauvaise, d'erreurs et de mauvaises décisions. La culpabilité et la douleur d’être obligé de stopper ce qui est normalement censée être une belle aventure font aussi parti de la réalité de l’avortement.



Ce n’est pas un geste que l’on fait à la va-vite, sans tout remettre en question, sans le vivre comme un bouleversement, sans qu'il ne laisse un gout amer dans le cœur. A jamais. 

«  Avortement de confort » ? Fallait oser mettre ces deux mots dans la même phrase!

Avorter n’est pas confortable. Avorter n’est pas agréable. Avorter ne devient pas un bon souvenir. 

Avorter n’est rien d’autre qu’une solution insoutenable à un problème insolvable. La solution qui ressemble le moins à une solution. La solution qui laisse un trou, là, dans ce bide vide. Et parfois, la solution qui permet aussi de souffler, de respirer et de retrouver le sourire ! 

Avorter sauve une vie. Il sauve une femme qui n’a pas choisi. Il sauve une femme qui n’a pas à assumer l’erreur d’une autre personne. Il sauve une femme qui n’a pas à payer pour un moyen de contraception défectueux. Il sauve une femme qui ne veut pas ou plus d’enfant. Il sauve un couple. Il sauve une famille. 

Je n’ai aucune envie (pour une fois !) de parler de moi. De parler de mon expérience. On ne devrait pas avoir à expliquer nos raisons. On ne devrait pas avoir à se justifier. On à déjà souvent du mal à se pardonner, à accepter, à passer à autre chose sans qu'il faille, en plus, être les accusés d'un tribunal d'hypocrites.


Je suis plus Pro-life en étant pour l’avortement que celles et ceux qui hurlent au meurtre mais qui en oublient la femme derrière le ventre. Ce ventre qui lui appartient. Totalement. Entièrement. Je suis plus Pro-life en étant pour l’avortement que celles et ceux qui oublient qu’un enfant mérite d’être désiré, attendu, choyé, aimé et ce dès le début. Qu’il n’a pas besoin d’entendre qu’il est venu au monde car sa mère n’a pas eu le droit d’avorter. Je suis plus Pro-life que celles et ceux qui ont oublié qu’il y a déjà plus de 16 millions d’orphelins dans le monde et que 2 enfants meurt tous les jours de maltraitances.


Faire des enfants devrait se faire par amour et pas parce qu’une loi nous obligerait à assumer notre erreur, l’erreur d’un homme, l’erreur d’une capote, l’erreur d’un oubli, l’erreur d’un verre d’alcool en trop. 
Un enfant n’a pas à subir ni nos erreurs d’adultes, ni les croyances fumeuse d’un groupe d’extrémiste mal baisé, ni les convictions à la con d’une extrême droite blasée et biaisée ou d’une église qui se dit toujours « pour la vie » sauf quand elle préfère tuer pour faire passer ses idées. 


Il se passe des choses bizarres dans ce monde. Surtout en France. Surtout en Espagne.  

On voudrait nous forcer à mettre au monde des enfants dont on ne veut pas et on nous interdit ensuite de nous en occuper.
 
On ne nous prendrait pas pour des connes par hasard ? 

J’ai entendu parler d’UNE membre du gouvernement qui souhaite renvoyer les mamans au boulot, même celles qui ne le veulent pas, surtout celles qui ne le veulent pas. J’ai aussi entendu parler d’UNE membre du gouvernement qui souhaite (ré)interdire l’avortement. 

Ce qui me choque le plus, ce n’est pas tant ces propositions de lois sont complètements absurdes.  On le saurait si le gouvernement avait de bonnes idées. Quelle magnifique manière de détourner le regard de milliers de français (ou d’espagnols) des vrais problèmes ! Ce qui me choque, c’est que ces conneries viennent du cerveau (malade) de deux femmes. 

Honteux ? Le mot n’est pas assez fort.  
« Gerbant » décrirait mieux le fond de ma pensée. 

Ont-elles oubliées qu’elles étaient des femmes, elles aussi ? Ont-elles oubliées qu’il n’y a pas si longtemps,  elles n’auraient même pas eu le droit d’ouvrir leurs (grandes) gueules pour donner leur avis ? Que d’autres se sont battues pour qu'elles ai ce droit, pour qu'elles ai DES droits ? Le droit qu'a pourtant chaque homme de prendre SES décisions pour garder le contrôle de SON corps et de SA vie ?

Le féminisme, mon féminisme, c'est celui-là! Je suis une femme, jusqu'au bout de ces seins qui me servent (aussi) à nourrir mon bébé, jusqu'au bout de ces doigts qui me servent (aussi) à caresser l'enfant que j'ai désiré. Le féminisme, c'est rendre la femme libre, c'est la laisser Être, c'est la laisser choisir.


Je serais contre l'avortement, quand les hommes n'auront plus le droit d'éjaculer. 
Je serais contre les mamans au foyer, quand les hommes n'auront plus le droit, eux non plus, de choisir leur métier.

Choisir. Décider. Être libre. ÊTRE FEMME.

Nous sommes libres de choisir d’être maman à temps plein ou non.
Nous sommes libres de décider d’être maman ou non.
Nous sommes libres d’être une femme.
Nous sommes libres.


Mon utérus m'appartient, ma tête aussi.

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